Il y a des films qui vous marquent à tout jamais. Je me rappelle avoir découvert cet ovni cinématographique un dimanche, jour de mauvais temps, quand je vivais encore en collocation à Lille. Je m'attendais à tout sauf à ce que j'allais visionner pendant les prochaines 90 minutes. Bien heureusement, j'avais déjà mangé. Vous l'aurez compris, "Taxidermie" est une oeuvre particulièrement dérangeante et qui ne se destine pas à tous les publics. Malgré tout, l’atmosphère qui s'en dégage a quelque chose de fascinant. Le film est assez méconnu, mais mérite que l'on s'y intéresse. Âmes sensibles, vous voilà prévenues.
Dans "Taxidermie", nous plongeons dans l'histoire d'une famille dont l'obsession pour la chair traverse les générations. Le récit débute avec le grand-père, qui fantasme à travers des pratiques sexuelles inhabituelles impliquant de la charcuterie. Son fils, champion de compétitions alimentaires, poursuit cette fascination en engloutissant des quantités astronomiques de nourriture. Enfin, le petit-fils, isolé dans son atelier de taxidermie, trouve son obsession dans la préservation de la peau des animaux morts. Chacun des trois personnages porte les stigmates d'un rapport troublé avec le corps, symbolisant différentes névroses liées à la chair vivante ou morte.
Le film de György Pálfi se déroule en trois parties distinctes, chacune mettant en scène un membre de cette famille dysfonctionnelle. Le réalisateur utilise des images et une narration exubérantes pour explorer les thèmes de la chair, du désir, de l'absorption et de l'excrétion. Les scènes sont parfois choquantes, mais cette audace ne vise pas seulement à provoquer, mais aussi à exprimer l'extravagance de l'obsession humaine.
La mise en scène est riche en détails visuels et en mouvements de caméra, allant des gros plans sur les morceaux de corps aux plans larges et frontaux. Les plans-séquences inventifs donnent vie à des images extraordinaires, transformant un livre en relief en décor vivant et convertissant un jet de sperme en constellation. Cette exubérance atteint son paroxysme lors des morts terrifiantes du père et du fils, clôturant ainsi le film de manière saisissante.
Le film est disponible sur la plateforme Mubi et nécessite un abonnement.
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