Nicky Larson sur Netflix - La cible est manquée

L'univers de l'animation grand public en Europe et au Japon présente de profondes différences, que ce soit en termes de sensibilité, de style ou de public visé. Toutefois, une difficulté majeure demeure commune lorsqu'il s'agit de transposer ces œuvres nippones en films en prise de vue réelle, leur adaptation est souvent périlleuse. 



Retranscrire les excentricités d'une longue série de mangas comme One Piece par exemple, révèlent souvent une qualité frustrante, et il semble que Netflix n'est pas retenu la leçon. C'est dans ce contexte que le géant américain du streaming lance "Nicky Larson" (City Hunter pour les fans), tentant une nouvelle fois de concrétiser un phénomène animé en succès cinématographique, bien que le projet échappe à une américanisation maladroite. Le film trouve ses racines dans un manga culte, comme beaucoup d'autres célèbres franchises animées. L'oeuvre originale a déjà inspiré diverses adaptations, incluant le fameux dessin animé de notre enfance (ah le Club Dorothée), des films d'animation, une adaptation avec Jackie Chan et pour finir, l'ovni de Philippe Lacheau récemment. Malgré les précédentes tentatives, ce nouvel opus cherche à capturer l'essence originale pour le transposer à l'écran, pour le meilleur ou pour le pire.


Dès les premières scènes, le film expose son caractère unique. La séquence d'ouverture avant le générique nous plonge directement dans l'action, Nicky (interprété par Ryohei Suzuki) et son partenaire se lancent dans une poursuite effrénée à travers Tokyo pour sauver une jeune femme. Cette scène est traitée avec une légèreté presque irréelle, renforcée lorsque le visage de la femme se déforme, laissant apparaître des veines aux allures extraterrestres. Bien que la situation ne soit pas particulièrement crédible, elle est exécutée avec une aisance qui renforce le côté cartoon du film. Ce dernier prend une tournure inattendue lorsque le partenaire de Nicky est soudainement assassiné, introduisant une nouvelle dynamique entre notre héro et la sœur adoptive du défunt, qui n'est autre que Laura (jouée par Misato Morita). Ils se lancent ensemble à la poursuite de criminels distribuant une substance mystérieuse, qui augmente la force de ceux qui la consomment tout en les asservissant, menant inévitablement à leur destruction. L'intrigue, complexe et nébuleuse, semble par moments contaminer même les scènes les plus simples, et certains plans, qui auraient pu bénéficier de la clarté de l'animation, perdent en impact.


Entre moments de conspiration scientifique maladroits et des séquences légères où Nicky espionnent une convention de cosplay, le film oscille entre sérieux et humour potache. Figure à la fois dure et comique, notre héro rappelle les détectives classiques tout en exhibant un comportement qui flirte avec le burlesque. Le duo formé avec Laura apporte une énergie communicative qui justifie, d'une certaine manière, l'entreprise de cette adaptation. Cependant, les moments les plus dramatiques peinent à convaincre. Les cris de désespoir, les révélations et les questionnements sur la vengeance semblent plus à leur place dans le format animé ou sur papier que dans ce mélange maladroit. En fin de compte, Nicky Larson ne parvient pas à harmoniser ses éléments les plus sérieux avec son esthétique de dessin animé, démontrant les limites de cette approche plutôt que de proposer une libération créative attendue. Dommage, car l'idée de départ était intéressante, mais pour une fois, Nicky manque sa cible.
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