L'impact des satellites internet sur la couche d'ozone - Une crise silencieuse en plein ciel
Des milliers de satellites sont actuellement stationnés en orbite terrestre basse.
Certains d'entre eux deviendront inévitablement obsolètes et retomberont dans l'atmosphère de notre planète. Cette rentrée laisse derrière elle une traînée de produits chimiques qui attaquent la couche d'ozone, un problème préoccupant que peu de gens considéraient jusqu'à récemment. Une nouvelle étude attire l'attention sur leur nombre croissant, responsable d'une augmentation choquante, multipliée par huit, des oxydes nocifs en seulement six ans. Les satellites internet, en particulier, ont une durée de vie plus courte, d'environ cinq ans, après quoi ils sont désorbités et plongent vers l’atmosphère terrestre. Sur l’ensemble des 10 000 encore en orbite aujourd'hui, les deux tiers appartiennent à la constellation Starlink de SpaceX.
Une constellation en expansion
SpaceX a déjà lancé plus de 6 000 satellites Starlink et le fondateur de l'entreprise, Elon Musk, ambitionne de construire une immense constellation de 42 000 unités supplémentaires. La société n'est pas seule dans cette course à l’espace. Le projet Kuiper de Blue Origin prévoit d’en envoyer 3 000 de plus, tandis que OneWeb en Europe vise une constellation de 648 satellites. Ces chiffres alimentent une inquiétude majeure liée au syndrome de Kessler, un scénario où la densité de satellites en orbite pourrait provoquer une cascade de collisions. En plus du risque accru de collisions, les satellites internet sont remplacés plus fréquemment que leurs homologues plus durables, nécessitant des lancements répétés pour maintenir leurs services. À la fin de leur courte durée de vie, ils génèrent des polluants en tombant à travers l’atmosphère.
Les conséquences des particules d’oxyde d’aluminium
Selon une récente étude publiée dans Geophysical Research Letters, la rentrée des satellites produit de minuscules particules d’oxyde d’aluminium. Ces dernières déclenchent des réactions chimiques destructrices entre l’ozone et le chlore dans la stratosphère, épuisant la couche d'ozone qui nous protège des rayons UV nocifs. Joseph Wang, chercheur en astronautique à l’université de Californie du Sud et auteur principal de l’étude, a expliqué:
“Ce n’est que ces dernières années que les gens ont commencé à penser que cela pourrait devenir un problème. Nous avons été l’une des premières équipes à examiner les implications de ces faits.”
En modélisant sa composition chimique, les chercheurs ont découvert qu’un satellite typique de 250 kilos génère environ 30 kilos de nanoparticules d’oxyde d’aluminium lors de sa rentrée. L’étude a révélé que de 2016 à 2022, ces dernières ont augmenté la quantité d’aluminium dans l’atmosphère de 29,5 % par rapport aux niveaux naturels.
Une situation qui empire
Les choses ne feront qu’empirer si des mesures ne sont pas prises. Il faudrait environ 30 ans pour que les particules d’oxydes d’aluminium atteignent la stratosphère, où se trouve 90 % de l’ozone. D’ici à ce que les constellations internet prévues soient pleinement déployées, 1 005 tonnes supplémentaires seront tombées, libérant environ 397 tonnes d’oxydes d’aluminium par an, soit une augmentation de 646 % par rapport aux niveaux naturels. De manière ironique, alors que la couche d’ozone semblait en voie de rétablissement complet d’ici 2066 grâce à un traité international signé en 1987, cette nouvelle menace pourrait inverser les progrès accomplis. Une récente évaluation du programme des Nations Unies pour l’environnement avait révélé que près de 99 % des produits chimiques destructeurs d’ozone avaient été éliminés depuis les années 1980.
L’étude récente souligne donc l’urgence de mettre en place de meilleures réglementations pour atténuer les effets d’une industrie spatiale en pleine croissance. Il est important de trouver un équilibre entre le développement technologique et la protection de notre environnement.