"License to Scrape" - Un nouvel outil pour les créateurs YouTube
Vers une monétisation et une légalisation des contenus.
L’industrie de l'intelligence artificielle se développe à une vitesse fulgurante, et avec cette croissance, la demande en données explose. Les grandes entreprises du secteur cherchent à obtenir des contenus divers pour entraîner leurs modèles génératifs. Jusqu'à présent, lorsqu'il s'agissait de collecter des vidéos, des sous-titres et autres contenus sur des plateformes comme YouTube, elles le faisaient souvent sans demander la permission. Une startup spécialisée dans la licence de contenu, Calliope Networks, veut changer la donne avec son nouveau programme intitulé "License to Scrape", conçu spécifiquement pour les créateurs.
Un besoin croissant de données pour l'IA
Selon Dave Davis, son PDG, la demande des entreprises d'IA pour accéder aux contenus de YouTube est indéniable. Le but du programme "License to Scrape" est de rendre ce processus légal et simple pour toutes les parties impliquées, notamment pour les créateurs de la plateforme. Contrairement à d'autres médias sociaux comme Reddit, le service vidéo de Google n'a pas encore conclu d'accords avec les grandes entreprises d’IA pour leur permettre une collecte massive. La particularité de "License to Scrape" est qu'il évite de passer directement par YouTube pour leur fournir du contenu. Au lieu de cela, il propose de réunir un groupe de créateurs qui pourront négocier une licence collective. Ce modèle permettrait de répondre aux besoins des entreprises tout en garantissant une rémunération pour les vidéastes, un modèle qui pourrait s’avérer lucratif.
Un modèle inspiré de l'industrie musicale
L'idée du PDG ne sort pas de nulle part. Avant de fonder Calliope Networks, il travaillait dans la licence de médias traditionnels au sein de la Motion Picture Licensing Corporation (sorte de SACEM américaine). Il mise sur l'idée que l'industrie de l'IA va progressivement abandonner les pratiques de collecte de données sans autorisation pour s'orienter vers un modèle basé sur des licences. Cette approche commence déjà à gagner du terrain avec l’apparition de startups spécialisées dans le domaine. Pour Calliope Networks, le programme de licence s'inspire des pratiques utilisées dans l'industrie musicale, où des organisations comme Broadcast Music Inc. (BMI) et l'American Society of Composers, Authors, and Publishers (ASCAP) en utilisent des collectives pour la musique. L’objectif est donc de créer un modèle similaire pour les créateurs YouTube, afin de leur permettre de monétiser leur contenu tout en répondant aux besoins des entreprises pour entraîner leurs modèles.
Le fonctionnement du programme "License to Scrape"
Le processus est simple, les créateurs YouTube qui souhaitent participer signent un contrat avec Calliope Networks, qui se charge ensuite de sous-licencier leurs contenus aux entreprises. Toutefois, pour que le programme soit suffisamment attractif pour ces dernières, il faudra qu’un volume important de contenus soit disponible. Dave Davis estime qu'il faudra au moins entre 25 000 et 50 000 heures de contenu pour qu’elles prennent le programme au sérieux. Cette importance du volume montre bien que, dans l'industrie de l'IA, la quantité de données est cruciale. Les outils de génération de vidéos en nécessitent des quantités massives pour fonctionner efficacement. Pour les créateurs YouTube, cela signifie que rejoindre un programme comme celui-ci pourrait représenter une opportunité majeure de monétisation à grande échelle.
Recruter les créateurs: un défi à relever
Bien que le programme en soit encore à ses débuts, et que Calliope Networks ne compte pas encore de créateurs célèbres parmi ses adhérents, la startup a déjà reçu des retours encourageants. Son PDG a collaboré avec des agences de marketing d’influence pour les attirer dans ce projet. YouTube n’a d’ailleurs pas directement travaillé avec l’entreprise, mais selon lui, la plateforme est probablement favorable à une telle initiative.
"Mon impression est que YouTube souhaite donner plus de contrôle aux créateurs", explique-t-il.
Cette hypothèse est renforcée par les déclarations récentes de la plateforme, qui a réaffirmé son intention de permettre aux créateurs de mieux contrôler l'utilisation de leurs contenus dans l'ère de l'IA. Un porte-parole de YouTube a également confirmé qu’ils peuvent conclure des accords avec des entreprises tierces.
Mais pour que "License to Scrape" soit un succès, il ne suffira pas seulement de recruter des créateurs. Cela nécessitera également un changement dans la manière dont les entreprises d'IA approchent l'entraînement de leurs modèles de base. Avec de nombreux procès sur la collecte de données sans autorisation en cours aux États-Unis, il est possible que ce changement devienne bientôt une nécessité légale. En attendant, des outils comme "License to Scrape" pourraient devenir la norme, car ces entreprises auront besoin de plus de données pour perfectionner leurs modèles. Le projet de Calliope Networks semble être un pas dans cette direction, et ses partisans sont convaincus qu’il est temps d’agir.