L'essor des centrales solaires flottantes - L'Europe à l'aube d'une révolution énergétique
La France en tête avec le plus grand projet "Floatovoltaïque" du continent.
Dans le secteur des solutions énergétiques durables, une innovation émerge et gagne rapidement du terrain, les centrales solaires flottantes, ou "floatovoltaïques". Au cœur de cette révolution, la France s'apprête à accueillir la plus grande installation de ce type en Europe, marquant ainsi un pas décisif dans la transition énergétique du continent.
Un projet ambitieux en Haute-Marne
L'entreprise berlinoise Q Energy, spécialisée dans les énergies renouvelables, vient de franchir une étape en sécurisant un financement de 50 millions d'euros. Cette somme permettra l'achèvement de ce qui s'annonce comme la plus grande centrale solaire flottante d'Europe, dont la mise en service est prévue pour l'année prochaine. Située sur le site d'une ancienne carrière en Haute-Marne, cette installation promet d'être spectaculaire. Avec ses 134 649 panneaux solaires flottants couvrant une superficie équivalente à 180 terrains de football, la centrale affichera une capacité impressionnante de 73 MW. Selon les estimations de l’entreprise, elle pourra répondre aux besoins en électricité d'environ 37 000 personnes, illustrant ainsi le potentiel considérable de cette technologie.
Le principe
Mais comment fonctionnent exactement ces "floatovoltaïques" ? Le principe est similaire à celui des panneaux solaires terrestres, à la différence près qu’ils sont posés sur l'eau. Chaque installation se compose d'une île de panneaux montés sur une plateforme flottante, ancrée au fond du plan d'eau par des câbles. Cette configuration offre plusieurs avantages notables par rapport aux installations terrestres traditionnelles. L'un d’entre eux réside dans l'effet rafraîchissant de l'eau. En refroidissant naturellement les panneaux, elle permet d'augmenter leur efficacité. De plus, en couvrant la surface d'un réservoir ou d'un lac, ces installations réduisent l'évaporation, contribuant ainsi à la préservation des ressources en eau douce, un enjeu important face au changement climatique.
Un autre argument convaincant en faveur du solaire flottant est qu'il n'utilise pas de terres. Selon certaines estimations, pour parvenir à une décarbonisation totale d'ici 2050, les pays devraient consacrer jusqu'à 5% de ces dernières aux panneaux solaires. Cette perspective soulève des inquiétudes quant à la concurrence avec l'agriculture et la préservation des espaces naturels. Les centrales flottantes, déployées sur des réservoirs artificiels ou des lacs non utilisés pour les loisirs, offrent une solution élégante à ce dilemme. Cette approche est particulièrement pertinente pour les pays où l'espace est limité, suivant la même logique qui a poussé les parcs éoliens en mer.
Une croissance exponentielle
Bien que les installations flottantes ne représentent encore qu'une faible part de la production solaire totale, leur capacité mondiale a connu une croissance fulgurante, passant de seulement 68 MW en 2015 à plus de 3 GW en 2022. Cette expansion rapide témoigne de l'intérêt croissant pour cette technologie innovante. L'Asie de l'Est, région densément peuplée, a été à l'avant-garde de ce développement. La Chine abrite actuellement la plus grande centrale flottante au monde, le parc solaire de Dezhou Dingzhuang, avec une puissance de crête de 320 MW. Pendant ce temps, la Corée du Sud construit un parc floatovoltaïque qui éclipsera tous les autres avec une capacité de 2 GW, suffisante pour alimenter environ un million de foyers.
L'Europe entre dans la course
En Europe, les Pays-Bas se distinguent comme des pionniers du secteur. Avec 20% de son territoire couvert d'eau, le pays a naturellement embrassé cette technologie. L'entreprise néerlandaise GorenLeven a déjà installé 500 000 panneaux sur des lacs à travers le pays. Les Pays-Bas accueillent également le plus grand parc solaire flottant d'Europe à ce jour, une installation de 27,4 MW construite par la firme allemande BayWa. L'ambition néerlandaise ne s'arrête pas là, des projets de centrales solaires flottantes en mer sont en cours de développement. La startup Solar Duck a récemment installé sa première plateforme offshore pilote en mer du Nord. Les vagues et l'eau salée posent malgré tout de nombreux défis techniques, ce qui explique pourquoi la majorité des projets sont basés sur des réservoirs intérieurs.
Un potentiel immense
Le potentiel de cette technologie est colossal. Une étude publiée dans la revue “Nature” en 2022 estime que la couverture de seulement 10% des réservoirs hydroélectriques mondiaux par des panneaux solaires flottants pourrait générer une capacité de production de 4 000 GW. Ce chiffre équivaut à la capacité de toutes les centrales à combustibles fossiles actuellement en activité dans le monde. Le marché du solaire flottant, évalué à 4 milliards de dollars en 2022, devrait atteindre 54 milliards d'ici 2032. De nombreux projets sont en cours ou en développement dans plusieurs pays européens, notamment au Portugal, en Espagne, en France, en Allemagne et en Grèce. Avec une croissance aussi rapide, le titre de plus grande centrale de ce type en Europe, actuellement détenu par le projet de Q Energy en France, ne tiendra probablement pas longtemps. Cette évolution témoigne du dynamisme du secteur et laisse présager un avenir prometteur.
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