Le Japon fait un pas de géant vers l'avenir de la mobilité urbaine. Tier IV, une start-up locale spécialisée dans la technologie de conduite autonome, vient de lancer un projet ambitieux qui pourrait bien révolutionner le secteur des transports dans les grandes villes nippones et au-delà.
Une vision audacieuse pour les transports urbains
Tier IV s'est fait connaître en développant un logiciel de conduite autonome open-source et en menant des démonstrations de taxis sans chauffeur à Odaiba, un quartier branché de Tokyo, en mai et juin derniers. Ces expériences publiques n'étaient que le prélude à un projet bien plus ambitieux: la conception d'un véhicule entièrement nouveau, pensé spécifiquement pour le marché des taxis autonomes. Ce projet, qui a reçu l'aval du ministère japonais de l'économie, du commerce et de l'industrie, entre maintenant dans sa phase concrète avec le développement d'un prototype.
Un véhicule conçu pour l'autonomie
Le véhicule en développement est un monospace électrique capable d'accueillir de quatre à six passagers en plus d'un conducteur. L'objectif est de créer un espace suffisamment grand pour une famille tout en conservant une maniabilité adaptée aux environnements urbains. D'après les premières esquisses, le taxi de Tier IV ressemblera à un minivan électrique doté de capteurs intégrés à sa carrosserie. Les fenêtres seront larges pour offrir une sensation d'espace, et l'intérieur promet d'être particulièrement accueillant. Dans un premier temps, un siège conducteur sera conservé pour permettre à un opérateur de superviser le comportement du véhicule en conduite autonome. Un système de surveillance à distance sera également mis en place. Pour la réalisation de ce prototype, la société s'est associé à Toray Carbon Magic, une entreprise experte dans la conception de véhicules légers utilisant des matériaux composites renforcés de fibres de carbone. Une fois les tests achevés, Tier IV prévoit de développer une version destinée à la production en série, exclusivement pour le marché des taxis autonomes.
Un service commercial dès novembre
En attendant la finalisation de son véhicule dédié, l’entreprise japonaise ne reste pas les bras croisés. Dès novembre prochain, elle lancera le premier service commercial de taxis autonomes de niveau 4 à Odaiba. Pour cette phase initiale, elle utilisera des véhicules JPN Taxi modifiés, équipés de capteurs lidar et du logiciel de conduite maison. Ce service sera géré en partenariat avec des compagnies de taxi existantes, notamment Nihon Kotsu. Les véhicules circuleront à la demande entre la station Tokyo Teleport, Kokusai Tenjijo et le musée Miraikan, en utilisant un système de réservation et de répartition dédié. Bien que les véhicules soient autonomes, un opérateur sera présent derrière le volant pour surveiller le bon déroulement du trajet. Cette précaution vise non seulement à garantir la sécurité, mais aussi à démontrer que des personnes n'ayant pas les compétences des chauffeurs de taxi professionnels peuvent assurer ce service.
Modèle économique
La stratégie de Tier IV va au-delà du simple développement de véhicules autonomes. L'entreprise ambitionne de fournir des solutions complètes pour les taxis, incluant les véhicules, les systèmes de conduite et les logiciels associés.
"Notre objectif est de proposer un package complet, du véhicule au système, permettant de lancer un service de taxis autonomes en quelques mois seulement", explique Shinpei Kato, son fondateur et PDG.
L'approche de Tier IV se distingue par son modèle open-source. En rendant son logiciel Autoware librement accessible, la société espère accélérer le développement de la technologie de conduite autonome tout en réduisant les coûts. Elle vise également à étendre son service de taxis autonomes à trois zones de Tokyo d'ici 2025. Ces opérations commerciales serviront de vitrine pour promouvoir sa technologie et ses solutions auprès d'entreprises japonaises et étrangères.
Le modèle pourrait s'avérer particulièrement pertinent dans les zones rurales du pays, où le vieillissement de la population entraîne une pénurie de chauffeurs de taxi et de bus. Les taxis autonomes pourraient ainsi combler un vide dans l'infrastructure de transport public.
"Nous pensons qu'il serait suffisant pour nous de commercialiser nos propres services dans environ trois zones", explique Kato. "En faisant de cela un modèle de référence, nous voulons faciliter le déploiement de services par nos entreprises partenaires."
Avec son approche innovante et son engagement envers l'open-source, Tier IV est bien placée pour jouer un rôle majeur dans la transformation du paysage des transports urbains, non seulement au Japon, mais potentiellement dans le monde entier.
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