Dans l'effervescence post-électorale américaine, un homme de 40 ans, incarcéré dans un pénitencier fédéral de Tucson en Arizona, attend avec une impatience particulière les premiers jours de la nouvelle administration Trump. Ross Ulbricht, le créateur du célèbre marché noir en ligne Silk Road, pourrait voir sa vie basculer après plus de 10 ans derrière les barreaux.
L'histoire de Silk Road
Entre 2011 et 2013, Silk Road a révolutionné le commerce illégal sur le dark web en utilisant le bitcoin comme moyen de paiement. Sous le pseudonyme "Dread Pirate Roberts", Ross Ulbricht a dirigé cette plateforme selon des principes anarcho-capitalistes, permettant uniquement les crimes "sans victimes" selon sa vision. En 2015, il est reconnu coupable de sept chefs d'accusation, incluant le blanchiment d'argent et la distribution de stupéfiants. Sa condamnation à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle a suscité de vives controverses. Les procureurs ont notamment évoqué six tentatives présumées de meurtre commandité, bien qu'aucune n'ait été réalisée ni fait l'objet de poursuites judiciaires.
Le mouvement "Free Ross"
Une importante campagne de soutien s'est développée autour de lui outre-Atlantique. Plus de 600 000 personnes ont signé une pétition en sa faveur. Ses partisans soulignent le caractère disproportionné de sa peine, notamment en comparaison avec d'autres personnes impliquées dans Silk Road qui ont déjà purgé leurs peines. En mai dernier, lors de la convention nationale libertarienne, Donald Trump a promis de commuer la peine d'Ulbricht "dès le premier jour" de son mandat. Cette promesse a suscité l'enthousiasme de la communauté crypto-libertarienne, pour qui Ross Ulbricht est devenu une figure martyrisée. Son cas cristallise plusieurs débats fondamentaux: la guerre contre la drogue, la réforme pénitentiaire, et la place grandissante du numérique dans notre société.
Une dernière chance
Après avoir épuisé tous ses recours légaux, Donald Trump représente la dernière chance d'Ulbricht de retrouver la liberté. Dans une lettre écrite au juge avant sa condamnation en 2015, il reconnaissait sa "terrible erreur" et implorait une chance de rédemption:
"J'ai eu ma jeunesse, et je sais que vous devez me prendre mes années de maturité, mais s'il vous plaît, laissez-moi ma vieillesse".
Aujourd'hui, il attend avec anxiété de voir si le nouveau président élu honorera sa promesse:
"Après 11 ans de prison, il est difficile d'exprimer ce que je ressens en ce moment", a-t-il écrit sur X en réaction à l'engagement de Trump.
Pour cet homme qui a passé plus d'une décennie dans l'obscurité, la lumière de la liberté n'a jamais semblé si proche, ni si incertaine.