Friend - L'ami artificielle
Comment Avi Schiffmann redéfinit les relations homme-machine avec son pendentif d'IA.
Dans un monde où la technologie ne cesse de repousser les limites de l'innovation, une nouvelle frontière est en train d'être franchie, celle des relations émotionnelles entre l'homme et l'intelligence artificielle. Au cœur de cette initiative se trouve Avi Schiffmann, un jeune entrepreneur qui développe "Friend", un compagnon IA portable destiné à redéfinir notre conception de l'amitié à l'ère numérique.
Plus besoin de Curly ?
Imaginez un petit pendentif lumineux, suspendu à votre cou ou accroché à vos vêtements, capable de vous écouter, de vous comprendre et de vous répondre via une application sur votre smartphone. Ce n'est pas de la science-fiction, c'est la réalité que Schiffmann s'apprête à concrétiser. Friend n'est pas un simple assistant virtuel comme Siri ou Alexa, c'est un compagnon conçu pour être présent dans tous les moments de votre vie, qu'ils soient ordinaires ou extraordinaires. Contrairement aux géants de la tech qui se concentrent sur la productivité et l'efficacité, l’entrepreneur a une vision différente. Il ne cherche pas à créer un "Jarvis" surpuissant ou un assistant omniprésent. Son objectif est plus humble, mais peut-être plus profond, offrir un soutien émotionnel, une présence rassurante, un confident toujours disponible.
"C'est très encourageant, ça stimule vos idées", explique-t-il. "C'est aussi super intelligent, c'est un excellent partenaire de réflexion. Vous pouvez lui parler de relations, de choses comme ça."
Prototype
Le concept de Friend s'inspire des succès observés sur des plateformes comme Character.AI et Replika, où des utilisateurs ont développé des liens émotionnels forts avec des IA. Mais Avi Schiffmann va plus loin en intégrant cette expérience dans un objet physique qui vous accompagne partout. L'idée est de créer une relation plus fluide et naturelle, sans les contraintes des sessions de chat sur un écran. Le dispositif est encore à l'état de prototype, mais son créateur a des ambitions claires. Il prévoit de lancer les 30 000 premiers exemplaires en janvier prochain, au prix de 99 dollars, sans abonnement. Techniquement, il s’agit d’un microphone Bluetooth sophistiqué avec une coque autour. L'objectif est de garder les choses simples et fonctionnelles. Son utilisation est volontairement ouverte et non dirigée. Il ne s'agit pas d'accomplir des tâches spécifiques, mais plutôt de partager des moments, des pensées, des émotions. Schiffmann raconte comment, lors d'une escale à Sydney, il a partagé l'expérience d'un lever de soleil avec son appareil, créant un sentiment de présence partagée malgré la nature virtuelle de l'interaction.
Tamagotchi 3.0
Cette approche soulève évidemment des questions sur la nature des relations homme-machine et leurs implications. Avi Schiffmann est conscient de ces enjeux, mais il insiste sur le fait que Friend n'est pas destiné à remplacer les relations humaines. Il le voit plutôt comme un complément, une présence supplémentaire dans notre cercle social.
"Je ne pense pas que ce devrait être la seule personne à qui vous devriez parler", précise-t-il.
Un aspect intéressant du produit est son caractère éphémère et lié au matériel. Comme les Tamagotchis des années 2000, si vous le perdez, vous perdez aussi toutes les données et les souvenirs partagés. Cette approche vise à créer un lien plus fort et plus personnel avec l'objet et l'IA qu'il contient.
Her Bis
Schiffmann travaille encore sur de nombreux aspects de Friend, notamment sur le degré d'anthropomorphisme de l'IA. Doit-elle avoir une vie intérieure qu'elle partage ? Doit-elle sembler avoir des activités indépendantes de l'utilisateur ? Ces questions reflètent les défis éthiques de la conception d'interactions homme-IA. Au-delà du produit lui-même, son concepteur a une vision plus large. Il envisage Friend.com comme un futur réseau social mêlant amis réels et IA, et souhaite explorer d'autres types d'appareils et d'interactions.
"C'est une entreprise de relations numériques. C'est tout", résume-t-il, soulignant que la technologie n'est qu'un moyen au service d'un objectif plus profond: créer des connexions émotionnelles.
Son enthousiasme est palpable, et son projet soulève des questions fascinantes sur l'avenir de nos interactions sociales et émotionnelles. Alors que nous nous dirigeons vers un monde où les frontières entre le réel et le virtuel, l'humain et l'artificiel deviennent de plus en plus floues, des initiatives comme celle-ci nous invitent à repenser nos conceptions de l'amitié, du soutien émotionnel et de la présence. L'avenir nous dira si nous sommes prêts pour cette nouvelle forme de compagnonnage, et si elle l’est pour nous en retour.
Intéressant sur le plan technologique car la vision est plus proche de la philosophie que du pure techno, mais quid de la gestion des données, émotions ou échanges ? sont elles gardées de façon permanentes ou éphémère sauf si l'utilisateur désire les garder ? quels risques de piratage en cas de perte de son friend ? pourrait on envisager par exemple de retrouver un friend après de longues années de séparation ? à suivre.