Elon Musk - désinformation - Un défi européen
Elon Musk ne saisit pas les préoccupations européennes concernant la haine et la division que peut engendrer la désinformation.
C'est ce qu'a affirmé récemment Věra Jourová, une haute commissaire de l'UE. Quelques jours avant les élections parlementaires européennes, où la désinformation, en particulier la propagande soutenue par la Russie, est un enjeu majeur, elle a critiqué la détérioration de la modération des contenus sur le réseau social X depuis qu’Elon Musk a acquis la plateforme en 2022.
"Elon Musk, dès le début de son aventure avec Twitter, a manqué de compréhension quant aux raisons pour lesquelles nous, européens, sommes si prudents face aux premiers signes de quelque chose qui pourrait croître. Notre histoire du siècle dernier, où les premiers signes d'antisémitisme n'ont pas été arrêtés, nous enseigne la prudence," a t’elle expliqué.
Elle a également souligné que, contrairement aux États-Unis, l'Europe a tiré des leçons sanglantes de son histoire, ce qui la rend plus vigilante.
Le rôle de Jourová dans la lutte contre la désinformation
En tant que vice-présidente de la commission européenne pour les valeurs et la transparence, Věra Jourová traite des questions de démocratie, d'état de droit et de désinformation au sein des 27 États membres. Elle a également exhorté Meta, le propriétaire de Facebook et Instagram, à intensifier ses efforts pour lutter contre la propagande. À l'approche des élections européennes, elle a mis en garde contre les tentatives d'influencer l'espace informationnel et de polariser le public dans des pays comme la Slovaquie, où une tentative d'assassinat du premier ministre, Robert Fico, a récemment eu lieu. Elle a aussi exprimé des préoccupations quant à l'ampleur de la désinformation et à la portée des plateformes comme Facebook et X, qui touchent des milliards de personnes dans le monde.
"Les États membres des pays baltes sont particulièrement préoccupés par la forte intensité de la propagande russe atteignant les citoyens russophones," a-t-elle ajouté.
L'Appel à une réglementation plus stricte
Jourová a insisté sur le fait que les grandes entreprises technologiques doivent employer des experts pour supprimer les interférences illégales et étrangères. Elle a révélé que la commission européenne envisageait de réguler Telegram, une application de messagerie populaire en Europe de l'Est, en raison des plaintes concernant son utilisation pour la désinformation. Assise dans son bureau de Bruxelles, elle a également expliqué que le système de "notes communautaires" introduit par X pour améliorer la modération n'était pas suffisant. Elle a déclaré que la vérification des faits devait être faite par des experts impartiaux capables de distinguer les faits des opinions, et non par des activistes biaisés.
La liberté d'expression et la responsabilité
Bien qu'elle partage l'avis d’Elon Musk sur l'importance de la liberté d'expression, Věra Jourová a rappelé que celle-ci en Europe s'accompagne de lois contre les discours d'incitation à la violence. Les grandes entreprises technologiques doivent être attentives aux vagues de haine et de racisme qui peuvent conduire à une violence en chaîne. Son autre sujet de préoccupation est l'impact des réseaux sociaux sur les enfants et les jeunes. Elle a souligné les nombreux suicides, cas de boulimie et harcèlement parmi eux, prédisant que la santé mentale des enfants élevés avec les réseaux sociaux serait le sujet principal des prochaines années. Elle a aussi appelé à des recherches sérieuses pour comprendre l'effet de ces plateformes sur les valeurs de la jeunesse et son comportement.
La voix de Telegram
Telegram a déclaré qu'il respectait les sanctions de l'UE sur les médias russes comme RT et Sputnik, et a nié être une plateforme efficace pour la diffusion de désinformation, affirmant qu'il n'utilise pas d'algorithmes pour promouvoir du contenu sensationnel.