Dans l'univers du mockumentaire (documentaire parodique), la nouvelle série Netflix d'Igor Gotesman (Five, Family Business) séduit avec une audace qui rappelle les premiers jours de "The Office". Utilisant la maladresse et le malaise social comme ressorts humoristiques, "Fiasco" tente d'apporter sa propre saveur à ce genre déjà bien établi.
Raphaël Valande, protagoniste principal de la série (joué par Pierre Niney), est un novice dans le monde de la réalisation. Son premier film, "Une Femme Défiante", est ambitieux, couvrant les actions héroïques de sa grand-mère pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais Raph n'est pas seulement novice dans la direction d'acteurs, il l'est également sur un plateau de tournage, ce qui crée une recette parfaite pour un désastre. Dès le premier jour, la tension est palpable. Entre ses interactions gauches avec l'actrice principale, Ingrid Flaumenbaum (Leslie Medina), et les intimidations de sa vedette masculine, Robin Jacoment (Vincent Cassel), notre jeune réalisateur montre qu'il est totalement dépassé par les événements. Sa tentative de prendre le contrôle se termine par un discours catastrophique lors du déjeuner, marqué par un langage cru et des commentaires déplacés.
La série capte l'essence du cringe, cet embarras profond qu'on ressent pour autrui, utilisant des situations où Raphaël s'enfonce en permanence. Cette dynamique est au cœur de nombreuses comédies documentaires, mais "Fiasco" semble pousser le concept à ses limites. Chaque épisode nous montre un personnage attachant qui tente désespérément et maladroitement de naviguer dans les défis d'un tournage qui lui échappe complètement. Un des moments les plus parlants: Raphaël, dans une tentative malavisée de motiver son équipe, finit par dépiter tout le monde avec un discours embarrassant. Par la suite, un complot, qui servira d'intrigue aux 7 épisodes de la série, se met en place, lorsque nous apprenons qu'une vidéo de ce dernier pourrait être divulguée sur les réseaux sociaux.
Le Fiasco ne révolutionne peut-être pas le genre du mockumentaire, mais il offre un regard rafraîchissant sur les difficultés et les réalités souvent comiques du monde de la réalisation cinématographique. Le jeu d'acteur de Pierre Niney, allié à une écriture qui joue habilement sur les malaises, rend cette série divertissante. Malheureusement certaines longueurs et quelques gags un peu lourdingues viennent parfois plomber le rythme. Heureusement que le casting talentueux et là pour redonner du souffle et l'envie de connaître le fin mot de cette histoire. La série est une montagne russe d'émotions inconfortables, présentant un homme dépassé par ses rêves et son inexpérience. Il serait dommage de passer à côté, quoi qu'il en soit, ne serait-ce que pour savoir ce qui va se loger dans les gougouttes à maman.
