Meta et le Fediverse - Stratégie innovante ou jeu de pouvoir ?

Meta se lance dans une nouvelle aventure sur le web social ouvert, également connu sous le nom de fediverse. Cette démarche suscite de nombreuses interrogations. Est-ce que l'entreprise envisage les protocoles ouverts comme l'avenir des réseaux sociaux ? Son intégration pourrait-elle avoir pour but ultime de centraliser ensuite les utilisateurs sur ses propres plateformes, éliminant ainsi la concurrence naissante des startups ? Ou bien, Meta projette-t-elle d'implanter son colossal empire publicitaire dans un environnement qui en est actuellement exempt comme celui de Mastodon ?



La lumière sur ces questions pourrait être trouvée dans une conversation révélatrice entre deux employés de Meta travaillant sur Threads et Mike McCue, le PDG de Flipboard, qui a récemment intégré le fediverse à sa plateforme. Dans ce podcast, ils explorent les implications de l'engagement de Meta dans cet espace numérique ouvert et ce que cela pourrait signifier pour l'avenir de Threads et du fediverse en général. Rachel Lambert, directrice de la gestion des produits chez Threads, a souligné que sa maison mère a déjà plusieurs initiatives open source en cours, et que retirer subitement son soutien au fediverse coûterait cher à cette dernière, tant financièrement qu'en termes de confiance au sein de cette communauté. Elle a également mentionné le lancement récent d'une fonctionnalité permettant aux utilisateurs de Threads de publier leurs messages sur le fediverse, marquant un pas vers plus d'interopérabilité.

Les objectifs de Meta

Mais pourquoi Meta, avec déjà 3,24 milliards d'utilisateurs actifs quotidiens sur ses plateformes, s'intéresse-t'il à un réseau qui en possède que quelques millions ? Rachel Lambert répond indirectement en parlant de Threads comme un espace pour des conversations publiques en temps réel, suggérant que l'interconnexion avec le fediverse pourrait aider à atteindre un public plus large. Cependant, malgré cette justification, le fediverse reste relativement petit comparé à ce dernier. Alors, quels en sont les véritables motifs ? L'équipe de Meta semble montrer une volonté d'ouvrir de nouvelles voies pour les créateurs de contenu, leur permettant de posséder et de contrôler leur audience d'une manière actuellement impossible sur d'autres plateformes. Cela pourrait également signifier une nouvelle forme de monétisation pour eux, échappant ainsi au contrôle restrictif du groupe.

Monétisation et modération dans le Fediverse

Peter Cottle, ingénieur logiciel chez Threads, a évoqué des extensions potentielles du protocole qui pourraient permettre aux utilisateurs de choisir des micropaiements ou de recevoir des publicités en soutien aux créateurs. Cette idée résonne avec le concept de contenu exclusif pour les abonnés, à la manière de Patreon, ce qui pourrait transformer significativement la dynamique du fediverse. En plus de la monétisation, un autre aspect important de la discussion parle de la modération. Lambert a souligné l'importance de développer des outils plus sophistiqués au niveau du protocole pour améliorer la sécurité et la personnalisation de l'expérience utilisateur, tout en reconnaissant que ces derniers ne devraient pas nécessairement devenir la norme pour tous dans le fediverse.

L'incursion de Meta semble être une stratégie multi-facettes visant à explorer de nouvelles formes d'engagement utilisateur et de monétisation tout en testant les limites de l'interopérabilité et de la gestion open source. Toutefois, reste à voir comment ces initiatives seront accueillies par la communauté du fediverse et si elles peuvent véritablement coexister avec l'esprit originel de ce réseau ouvert.
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